Lors de la séance du 21 septembre 1904, le maire, Paul Rey, propose, comme alternative à la perte de l’enseignement congréganiste pour les filles, son projet "de création d’une école primaire supérieure de filles à l’immeuble Péez Cacaré". C’est cette fameuse école qui sera à l’origine du lycée actuel de Nay.
Il s’agit d’un projet cher à Paul Rey puisque, déjà dans la séance du conseil municipal du 15 juin 1895, il avait mis tout son talent pour faire accepter par son conseil la création d’une école supérieure de filles :
« Une école supérieure de filles de Nay, ne serait pas, en effet, sans exercer une sérieuse influence par sa puissance de rayonnement dans la région environnante faisant ainsi de Nay un centre d’attraction intellectuelle et contribuerait à élever le niveau intellectuel des jeunes personnes, à décider parfois de leur avenir, toutes choses dont on ne saurait se désintéresser aujourd’hui (...) »
L’acte de naissance réel de l’école primaire supérieure de jeunes filles date du mois d’août 1905. L’école primaire supérieure de jeunes filles de Nay a désormais une existence légale et elle entre immédiatement en fonction mais la mairie a sans aucun doute sous estimé les conséquences financières de son initiative : les locaux s’avèrent immédiatement insuffisants pour la nouvelle école et ce, d’autant plus qu’il faut un internat. L’acquisition d’un bâtiment adéquat, avec tous les frais que cela comporte, est désormais le grand problème du conseil municipal.
Il n’existe pas à Nay de local particulier assez spacieux pour y installer d’une façon convenable les divers services de l’internat tel que dortoir, réfectoire, cuisine, vestiaire.
Après examen approfondi de la question et après discussion du délibéré, les services de l’internat autre que le dortoir seront à titre provisoire installés dans les locaux servant actuellement de logements aux institutrices adjointes de l’école primaire.
Ces dernières devant être pourvues d’un logement différent dans l’immeuble Péez Cacaré. Le dortoir sera installé dans l’une des vastes salles de l’Hôtel de Ville.
Il s’agit là, à l’évidence, d’une solution d’attente. La création de l’école primaire supérieure de jeunes filles de Nay risque de coûter cher à la mairie !
La nécessité de faire avancer les choses est d’autant plus forte que la nouvelle directrice, Mlle MAGNE, femme au caractère bien trempé, n’a de cesse de faire pression sur la municipalité pour obtenir les améliorations nécessaires.
M. Payotte, propriétaire d’une prairie à Clarac, entre en pourparler avec Mme Vve Sestia Marcellin en vue d’acquérir pour le compte de la ville de Nay une prairie d’une contenance de 1ha 19a et 65 centiares, qu’elle possède sur la route de la gare de Coarraze Nay au bas de la côte Lahillanne figurant sur le plan cadastral sous le N° 92.
Une partie du conseil s’est déjà rendue sur les lieux et estime que ce terrain paraît merveilleusement approprié au projet de construction d’une école supérieure de filles. Mme veuve Sestia a fait connaître qu’elle consent à vendre ce terrain à la ville de Nay pour le prix de 9000 F.
Le 13 février 1908 seulement, le projet de construction d’une école primaire supérieure de jeunes filles dans l’endroit choisi est enfin financé. Il est temps car cela fait maintenant près de trois ans que l’école primaire supérieure de jeunes filles de Nay a été créée et qu’elle fonctionne dans des locaux inadaptés à ses besoins.
Les travaux peuvent dès lors commencer, ils ne seront terminés que pour la rentrée du 1er octobre 1909 soit quatre ans après la création de l’école primaire supérieure de jeunes filles de Nay. Cette date d’octobre 1909 représente donc les véritables débuts de l’école dans ses propres murs. La réception des travaux s’est faite le 14 août 1909. L’école des filles comporte alors, une fois établie dans ses nouveaux murs, cinq classes avec un nombre d’élèves qui s’est accru dans de notables proportions. A la lecture des archives départementales, une correspondance datant du 4 novembre 1909, établit que l’établissement de Nay compte plus de 125 filles.
Qui est Paul Rey ?
Né à Pontacq d'une famille de notaires, Paul REY s'est attaché à Nay par son mariage avec Adrienne BLANCQ, sœur de Prosper BLANCQ, le promoteur du béret béarnais.
Il entre au conseil municipal à la chute du Second Empire (1870) et devient maire en 1875, l'année où la République l'emporte définitivement sur les monarchistes.
Il sera élu maire dix fois de suite et poursuivra son dernier mandat de 1912 à 1919, date à laquelle, âgé de 77 ans, il abandonnera toute activité politique.
Sa longue magistrature est marquée par l'accompagnement à Nay des progrès économiques et urbains accomplis par la 3ème République, et en particulier par l'édification des écoles laïques de Nay : l'école maternelle de La Fontaine d'Argent et l'école primaire du Fronton.
Enfin , il a été le fondateur de l'Ecole Supérieure de jeunes filles, ouverte en octobre 1909 dont les bâtiments accueillent encore aujourd'hui le lycée Paul Rey.